Érythrée : l’énergie durable pour 40 000 personnes et entreprises hors réseau
Les villes rurales ne dépendront plus de petits générateurs diesel pour leur alimentation électrique
Propriétaire d’un restaurant dans la petite ville de Maidma au sud de l’Érythrée, Kuhulo Kidane est très heureuse de bientôt pouvoir actionner un interrupteur pour alimenter ses appareils de cuisson et de réfrigération.
Elle utilisait jusqu’ici un groupe électrogène diesel, dépensant 3000 Nakfa (200 USD) par semaine pour son réfrigérateur et pour l’éclairage, en plus des 5 000 Nakfa (333 USD) qu’elle dépense par mois pour le bois de chauffage.
Avoir une source d’électricité fiable signifie qu’elle peut maintenant utiliser un four électrique pour cuisiner, réduire considérablement ses coûts énergétiques et développer son activité.
Dans le monde entier, 1,3 milliard de personnes n’ont pas accès à l’électricité. Plus de 600 millions sont en Afrique subsaharienne. En Érythrée, environ 32% de la population a accès à l’électricité à l’échelle nationale, mais seulement 3% dans les zones rurales (REEEP).
L’Érythrée s’est lancée dans un projet d’énergie solaire pour fournir de l’énergie abordable et durable à quelque 40 000 habitants et entreprises des zones rurales non desservies par le réseau national.
Deux villes rurales densément peuplées ainsi que 40 villages, 500 petites entreprises, 15 écoles, 2 jardins d’enfants, 2 hôpitaux communautaires et 5 postes de santé ont été sélectionnés pour un projet pilote, financé par l’Union européenne et le PNUD, qui servira de modèle à d’autres régions du pays.
Solarcentury, une société solaire internationale basée au Royaume-Uni, a conçu et construit deux mini-réseaux à énergie solaire utilisant des batteries solaires photovoltaïques et au lithium, qui peuvent fournir une énergie de même qualité que le réseau national.
Mengis Zemichael, administrateur du district d'Areza, explique que les communautés locales ont été impliquées dans les activités de mise en place, comme l’installation des poteaux électriques.
«Les résidents d’Areza sont très enthousiastes à propos du projet. Même les jours de marché, ils travaillent de l’aube jusqu’à environ 9 heures, puis ils se rendent au marché. Ils ne se reposent que le dimanche », dit-il.
Des ingénieurs électriciens travaillent aux côtés de la communauté, les conseillant sur les standards et les mesures de sécurité. Filipos Tsegai fait partie d'une équipe de 12 membres à Areza qui prendra en charge la gestion du projet de Solarcentury. Il est convaincu que la plupart des maisons seront électrifiées d'ici la fin du mois de septembre 2018.
«Bien que le système de contrôle soit différent et que les batteries Tesla soient une nouvelle technologie, j’ai beaucoup d’expérience dans les systèmes solaires domestiques. Je suis sûr que nous allons très bien gérer le projet.»
Johani Berhe, 75 ans, un aîné de la communauté qui gère un Bed & Breakfast à Areza, utilise déjà un système d’énergie solaire mais uniquement pour l'éclairage. Avec 40 pièces à éclairer dans son établissement, il est impatient d’évaluer quelle option est la plus économique une fois l’électricité installée.
Dans l'ensemble, le projet améliorera les moyens de subsistance de la population rurale grâce à de nouvelles sources de revenus et un meilleur accès aux services de base. Il est également prévu de réduire les émissions de carbone de 3 000 tonnes par an.
Mais pour Berekti Kibreab, mère de cinq enfants, c’est sa nouvelle liberté qui prévaut. Elle a hâte de regarder la télévision avec sa famille, d’utiliser un four et un réfrigérateur dans sa cuisine et de voir ses enfants faire leurs devoirs la nuit. « Une fois que j’aurai de l’électricité chez moi, je jetterai mon panneau solaire rechargeable [à piles] », dit-elle.
Texte et photos: Elizabeth Mwaniki et Adam Habteab / PNUD Erythrée