Améliorer les conditions de détention au Bénin

ONU Développement
5 min readFeb 3, 2021
Les prisonniers apprennent la menuiserie. L’ensemble des règles minima des Nations Unies pour le traitement des détenus, appelées Règles Nelson Mandela, prescrivent de fournir aux détenus un travail productif suffisant pour les occuper pendant la durée normale d’une journée de travail. Photo : SNU Bénin/Yezael Adoukonou

La mission d’une prison est « de protéger la société, d’assurer la sanction du condamné, de favoriser sa réhabilitation et de préparer sa réinsertion socio-professionnelle », explique Monsieur Serge Oké, régisseur de la prison civile d’Abomey, au Bénin. Il a pu compter sur le soutien du PNUD à travers le Projet d’appui à l’amélioration de l’accès à la justice et de la reddition des comptes, mis en œuvre par le ministère de la Justice et de la Législation.

« J’ai pu bénéficier d’une formation des régisseurs sur la gestion des unités pénitentiaires. Cette formation nous a donné les aptitudes à réaliser des performances administratives. On a plus d’assurance dans la conduite de notre mission », témoigne Monsieur Oké.

La prison civile d’Abomey fait partie des trois prisons civiles du Bénin qui accueillent des personnes condamnées à des peines privatives de liberté. A la fin décembre 2020, elle comptait 1 227 détenus.

La prison civile d’Abomey. Photo : PNUD Bénin/Elsie Assogba

Le PNUD a appuyé la mise en place du Système intégré de gestion des établissements pénitentiaires (SIGEP) et la formation des régisseurs et du personnel du greffe pénitentiaire à son utilisation. Ce système, mis en place en 2019, est un outil d’aide à la prise de décision. Il permet d’obtenir des informations en temps réel sur la situation carcérale et sur le parcours du détenu.

Prise en charge psycho-sanitaire des détenus

La vie en milieu carcéral n’est pas chose facile pour les détenus qui sont souvent confrontés à l’isolement et à l’oisiveté. Dans le contexte de la pandémie de COVID-19, les visites des parents aux détenus ont été suspendus. Afin de réduire le risque que les détenus souffrent de dépression et d’autres problèmes de santé mentale, le PNUD a recruté et mis à disposition de l’agence pénitentiaire du Bénin depuis octobre 2020 sept médecins et trois psychologues, tous Volontaires des Nations Unies (VNU).

« Depuis l’arrivée du médecin, il y a deux mois, la prise en charge sanitaire des détenus s’est améliorée. Le médecin se rend disponible 24h/24 et supervise également le travail de l’infirmière », reconnait Serge Oké.

Afin de réduire le risque que les détenus souffrent de dépression et d’autres problèmes de santé mentale, le PNUD a recruté sept médecins et trois psychologues, tous Volontaires des Nations Unies, dont le Dr. Edouard Kpahè. Photos : PNUD Bénin/Elsie Assogba

« Tout nouveau détenu est systématiquement reçu à l’infirmerie pour consultation. Nous prenons connaissance de son état de santé. S’il souffre de pathologies « simples », nous le gérons ici. Pour des affections particulières comme la tuberculose, le VIH/Sida, des troubles ORL ou des interventions chirurgicales, nous le référons au centre hospitalier départemental d’Abomey pour une prise en charge par des spécialistes », explique Edouard Kpahè, médecin et Volontaire des Nations Unies en poste à la prison civile d’Abomey.

Un médecin et un psychologue ont été affectés à la prison civile de Parakou. Grâce à cette dotation en personnel, environ 300 détenus ont déjà bénéficié de ces services de soins. En effet, 169 détenus entrants ou en fin de séjour ont reçu un accompagnement psychologique, respectivement pour leur adaptation à l’environnement carcéral et pour leur préparation à la réinsertion en vue de la prévention de la récidive criminelle et 227 détenus ont bénéficié de prestations médicales.

Dans la lutte contre la COVID-19, le PNUD a doté les maisons d’arrêts et les prisons civiles de 110 dispositifs de lavage de mains, de 48 200 masques de protection (réutilisable et médical), de 2 710 flacons de gel hydroalcoolique, de 11 thermomètres infrarouges et de 1 500 gants en latex au profit d’un total de 9 362 prisonniers.

Dispositif de lavage des mains de la prison d’Abomey. Photo : PNUD Bénin/Elsie Assogba

« Personne ne peut prétendre connaître vraiment une nation, à moins d’avoir vu l’intérieur de ses prisons. Une nation ne doit pas être jugée selon la manière dont elle traite ses citoyens les plus éminents, mais ses citoyens les plus faibles » Nelson Mandela.

L’ensemble des règles minima des Nations Unies pour le traitement des détenus, appelées Règles Nelson Mandela, prescrivent de fournir aux détenus un travail productif suffisant pour les occuper pendant la durée normale d’une journée de travail et de dispenser une formation professionnelle utile aux détenus qui sont à même d’en profiter, particulièrement aux jeunes.

A la prison civile de Parakou, le projet a appuyé d’une part, la réhabilitation de l’atelier de tissage avec l’acquisition de trois machines de tissage, de trois machines à coudre neuves et de 1 200 bobines de fil de tissage de diverses couleurs et, d’autre part, la formation d’une quinzaine de détenus au tissage. A la prison civile d’Abomey, 200 détenus ont suivi un formation en fabrication de savon (liquide, solide et en poudre), du gel hydroalcoolique et de l’eau de javel qui contribuera à leur réinsertion socio-professionnelle.

Au-dessus : Dans les prisons civiles d’Abomey et de Parakou, les détenus s’entraînent à la couture et au tissage. Photos : SNU Bénin/Yezael Adoukonou

Le régisseur de la prison civile d’Abomey envisage aujourd’hui de mettre en place une ferme pénitentiaire à Abomey, ainsi qu’une formation à distance qui permettrait d’offrir aux détenus d’acquérir d’autres compétences en vue de leur réinsertion après la prison et d’éviter la récidive d’infractions.

Texte : PNUD Bénin/Elsie Assogba

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