Au Pérou, la pandémie n’aura pas raison de l’esprit d’entreprise

ONU Développement
6 min readJan 6, 2021
Après avoir fermé sa supérette en raison de la pandémie, la famille Garay a du faire preuve de résilience et de créativité pour créer une nouvelle entreprise.

L’esprit d’entreprise a toujours comporté des risques, et plus encore en cas de pandémie. Lorsque le coronavirus COVID-19 a paralysé le Pérou, la plupart des entreprises ont compté sur leurs économies pour subvenir à leurs besoins pendant ce qui devait être une quarantaine de deux semaines. Mais les limitations se sont poursuivies. « Le plus dur a été de devoir fermer notre supérette et de rester enfermés pendant plusieurs mois. Nous arrivions à peine à croire ce qui nous arrivait », explique l’entrepreneure Liz Garay. Si certaines entreprises ont périclité, d’autres, comme celle de Liz et de sa famille, se sont complètement réinventées. « Nous avons continué de nous adapter et cette adversité nous a ouvert de nouvelles voies », dit-elle.

« Il ne suffit pas qu’un entrepreneur crée son entreprise : quoi qu’il arrive, il doit aussi garder l’envie d’aller de l’avant », dit Mme Garay, inspirée par sa mère qui, dans cette urgence, s’est lancée dans la restauration. « L’idée est née d’une conversation avec elle et mon frère. Nous lui avions toujours dit qu’elle avait de l’or dans les mains parce qu’elle est très douée en cuisine », explique-t-elle. La vente de desserts permet aujourd’hui à sa famille de joindre les deux bouts.

« Il ne suffit pas qu’un entrepreneur crée son entreprise : quoi qu’il arrive, il doit aussi garder l’envie d’aller de l’avant », déclare Liz Garay. Elle, sa mère et son frère se sont lancés dans la restauration

En avril, mai et juin, plus de six millions d’emplois ont été perdus dans tout le pays. Les petites entreprises, qui représentent 85 % de l’emploi formel au Pérou, ont été les plus durement touchées. Le PNUD a travaillé avec le laboratoire social IKIGAI, la fondation Belcorp, MeUno et plusieurs organisations alliées dans un mouvement appelé « Ensemble, nous prenons les choses en main », qui a rassemblé le secteur privé, la société civile et le gouvernement péruvien pour répondre à l’urgence. Warrior Entrepreneur est né. Depuis août, le programme bénéficie du soutien de Tu Empresa, un programme pour les petites entreprises dirigé par le ministère de la production, qui a permis à Warrior Entrepreneur d’atteindre des entreprises dans plus de 20 régions.

« Au début, nous pensions que la quarantaine n’allait pas durer, mais quand elle s’est prolongée, l’avenir s’est assombri », explique Cinthia Vargas, qui, quelques jours avant la pandémie, avait liquidé son entreprise de décoration de fêtes. « Mais un véritable entrepreneur est celui qui, malgré tout ce qui se passe dans le monde, revient en force et avec une énergie renouvelée ». Mme Vargas qui, face aux nouveaux besoins causés par le virus, a commencé à vendre des articles de désinfection et de nettoyage. « Avec le peu que nous avions, nous devions agir. J’avais peur, mais j’étais forte pour mes enfants ».

D’avril à août, Warrior Entrepreneur a accompagné des entrepreneurs qui, au milieu de l’angoisse et de la désolation que la COVID-19 avait apportées, décidaient d’aller de l’avant. Au cours d’une formation de six semaines, ils étaient invités à suivre divers modules leur permettant d’améliorer leurs stratégies numériques et de vente, d’acquérir des compétences financières dans ce nouveau contexte et d’améliorer leur résilience commerciale. Ils bénéficiaient d’une assistance technique personnalisée et directe de la part de plus de 300 volontaires professionnels.

Mme Vargas qui, face aux nouveaux besoins causés par le virus, a commencé à vendre des articles de désinfection et de nettoyage. « Avec le peu que nous avions, nous devions agir. J’avais peur, mais j’étais forte pour mes enfants ».

Warrior Entrepreneur a développé ses modules de formation en collaboration avec des entreprises privées et des universités afin de fournir aux entrepreneurs les outils adaptés à cette nouvelle norme et à l’essor très important du commerce électronique. Selon la Chambre de commerce de Lima, en juin 2020, les achats en ligne ont fait un bond de plus de 225 % par rapport à l’année précédente. Suite à leur formation, les entrepreneurs étaient en capacité de concevoir les stratégies nécessaires pour établir leurs propres canaux de vente numériques et leur affiliation aux marchés numériques existants.

Mme Garay a participé au programme par le biais des réseaux sociaux. « L’apprentissage est une constante. Warrior Entrepreneur m’a non seulement aidée à mettre en place de nouvelles formes de gestion pour mon entreprise, mais aussi à acquérir une maîtrise des réseaux sociaux pour ce nouveau type de travail », dit-elle.

Ce qui distingue Warrior Entrepreneur des autres programmes, c’est le bénévolat professionnel.

« Le volontariat m’a permis de soutenir deux familles dans cette situation difficile, car les deux entrepreneurs mentorés se battaient pour leur famille, c’était leur rêve », explique Diana Quiroga, une volontaire qui a aidé Vargas et une autre femme d’affaires d’Arequipa. « Ces femmes forcent mon admiration, avec tous leurs effort et leur volonté d’apprendre et d’aller de l’avant ».

La pandémie a également remis en question la façon dont le volontariat est mis en œuvre. Le programme a pris en compte les lacunes des micro-entrepreneurs en matière de connectivité, en instaurant un soutien numérique des volontaires sur des outils tels que Facebook et WhatsApp. « Malgré la distance, ils se sont complètement engagés avec une énergie très stimulante », explique M. Quiroga. « Leurs entreprises venaient de démarrer, mais leur soif d’apprendre était authentique, ce que laissaient percevoir leur ponctualité et la qualité de leur travail ».

Warrior Entrepreneur a accompagné des entrepreneurs dans le cadre d’une formation numérique de six semaines, sous forme de divers modules leur permettant d’améliorer leurs stratégies numériques et de vente, d’acquérir des compétences financières dans ce nouveau contexte et d’améliorer leur résilience commerciale.

« Les entrepreneurs péruviens sont un facteur de changement qui peut transformer positivement notre pays », dit Aurelia Castromonte, une volontaire qui a aidé une femme à se lancer dans les affaires après une expérience au sein d’une clinique dentaire puis d’une entreprise de mobilier de bureau. Elle précise que la résilience est la qualité par excellence qui se dégage de cette crise. Bien qu’elle ne soit pas simple à enseigner, c’est un fil conducteur commun aux Warrior Entrepreneurs pour leur permettre de faire face au changement brutal de ces derniers mois.

« J’ai appris que la résilience des entreprises est importante dans un pays comme le nôtre », dit-elle. Après une présentation complète de l’entreprise, les volontaires animent des réunions de tutorat à l’intention des entrepreneurs. Ceux-ci y apprennent à identifier leurs émotions, à renforcer leurs compétences en matière de leadership et à cibler leur objectif personnel grâce à des exercices pratiques. « La résilience réside maintenant dans la façon dont ces entrepreneurs gèrent leurs difficultés et dans le fait qu’ils ne sont pas satisfaits de la façon dont tout se passe. Lorsqu’ils sont confrontés à une difficulté, ils se relèvent pour continuer avec persévérance », dit-elle. En complément, les entrepreneurs ont pris connaissance des bonnes pratiques de reprise dans d’autres pays dont l’économie est similaire à celle du Pérou, ainsi que des différentes stratégies d’adaptation, de diversification, d’innovation et de réouverture d’une entreprise.

Ces trois éditions de Warrior Entrepreneur ont présenté d’excellents résultats. Quatre-vingt-douze pour cent des participants ont adapté les outils reçus dans le cadre du programme dans le fonctionnement de leur entreprise. Le programme vise à toucher plus de 10 000 entrepreneurs d’ici 2021.

Parmi eux se trouve Zoila Velásquez, qui a appris à améliorer ses ventes numériques de bijoux faits à la main. Motivée par son expérience, elle souhaite créer du contenu sur les réseaux sociaux afin que d’autres femmes puissent entreprendre cette activité. « Cela peut les aider à s’autonomiser et à s’impliquer dans quelque chose dont elles n’avaient pas conscience. Il faut laisser ses peurs de côté. Il y aura parfois des revers et des moments de déroute, mais si votre rêve est de créer quelque chose de grand, vous saurez vous battre, car les femmes ne se laissent pas vaincre aussi facilement ».

Zoila Velásquez a appris à améliorer ses ventes numériques de bijoux faits à la main grâce au programme “Warrior Entrepreneurship”.

Texte : Sally Jabiel / Photos : Jasmin Ramirez Romero

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