Au secours du lac Inle

Le 2è plus grand lac du Myanmar est menacé par la pollution, la déforestation, l’agriculture et le tourisme non durables.

ONU Développement
5 min readNov 26, 2019
Le lac Inle, deuxième plus grand lac du Myanmar, est menacé par l’activité humaine.

Ko Than Htoo est batelier depuis plus de 25 ans. Une crainte le hante : celle que le lac Inle vienne un jour à se tarir.

« Mon gagne-pain est lié à ce lac. Les gens ici ne cessent d’abattre les arbres des collines environnantes, et à chaque fois qu’il pleut, toute la boue se déverse dans le lac en aval », explique Ko Than Htoo.

Nous devons faire quelque chose pour garder ce lac en vie afin qu’il nous garde en vie.

Le lac Inle est le deuxième plus grand lac du Myanmar et apparaît dans le Programme sur l’Homme et la biosphère de l’UNESCO. Mais comme beaucoup d‘autres, le lac Inle voit sa riche biodiversité menacée par l’activité humaine : déforestation, pollution, agriculture et tourisme intensif, etc.

Ko Than Htoo : « Mon gagne-pain est lié à ce lac ».

Or, la vie de milliers de personnes, notamment la communauté Intha, un groupe ethnique tibéto-birman vivant autour du lac Inle, dépend du lac et de ses marais.

Les « jardins flottants » des villages Intha attirent de nombreux touristes. Mais l’utilisation de pesticides chimiques a fini par contaminer l’eau et entraîné la prolifération d’espèces envahissantes, telles que la jacinthe d’eau et les escargots.. « Nous n’avons pas d’autre choix que d’utiliser des pesticides. Sinon nos plants de tomates ne survivent pas… il y a de nombreux parasites ici », explique Daw Khin Htwe, 42 ans, productrice de tomates.

U Myint Soe, cultivateur de riz, explique pourquoi ses collègues agriculteurs et lui-même utilisent des engrais chimiques depuis longtemps : « Le riz est notre culture principale. Nous nous ne faisons qu’utiliser des engrais chimiques pour assurer une meilleure récolte. »

En 2010, la région a connu l’une des sécheresses les plus graves de son histoire, menant le lac à un niveau exceptionnellement bas et impactant considérablement les jardins flottants et leur attrait touristique.

Ces dernières années, l’utilisation de pesticides chimiques dans les jardins flotants et les rizières adjacentes a contaminé l’eau du lac.

« Ç’était la sonnette d’alarme », explique U Kyaw Kyaw Oo, directeur adjoint du département au ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de l’Irrigation. L’incident a fait prendre conscience de l’importance du lac et a incité le gouvernement à élaborer un plan de restauration et de conservation à long terme avec le soutien d’ONU Habitat.

Le PNUD a rejoint l’initiative en 2012 avec le lancement d’actions de conservation dans le bassin versant, financées par le Gouvernement norvégien.

Le programme a démontré qu’il était possible d’inverser la dégradation de l’environnement tout en améliorant la vie des riverains du lac. Sept ans plus tard, quelques 9 500 ménages pratiquent désormais l’agriculture biologique, la gestion des déchets, le contrôle de la pêche et d’autres méthodes d’exploitation respectueuses de l’environnement.

Une cultivatrice de tomates dans les jardins flottants du lac Inle.

« Nous avons mis un terme à la pêche électrique avec chacun des membres de la communauté qui soutient la campagne de conservation du lac », explique U Zaw Win, chef de l’une des communautés vivant autour du lac.

Si certaines de ces campagnes ont rapidement obtenu des résultats tangibles, d’autres, telles que le passage à l’agriculture biologique, ont nécessité un engagement à long terme. Malgré des résultats initiaux convaincants, il reste beaucoup à faire pour que nos initiatives atteignent l’ensemble des plus de 160 000 habitants vivant dans le bassin versant. Il faudra aussi impliquer les autres minorités ethniques vivant dans les montagnes autour du lac.

L’une des mesures prises par la communauté Intha à l’égard du lac consiste à assurer une pêche durable.

Dans le cadre d’une nouvelle initiative lancée en juillet 2018, le PNUD collabore avec le Gouvernement et les administrations locales pour élaborer une nouvelle loi visant à inverser la dégradation environnementale et à garantir une répartition juste et équitable des ressources et des responsabilités.

U Kyaw Kyaw Oo a passé des années à étudier les flux d’eau et des sédiments dans le bassin versant. La vie du lac, dit-il, dépend de la façon dont les communautés environnantes gèrent le système naturel. « Si nous laissons les cours d’eau descendre directement dans le lac, cela provoque un envasement. Pour cela, nous avons construit de nombreux barrages de contrôle ».

Les jardins flottants du lac Inle.

Ces barrages alimentent également les eaux souterraines et constituent une source d’eau fiable pour les riziculteurs.

« Le PNUD espère qu’avec le leadership actif des communautés locales et des parlementaires, le lac Inle se dotera d’une autorité de gestion forte et efficace d’ici l’an prochain. Nous sommes impatients de lancer cette nouvelle approche », a déclaré Gordon Johnson, représentant du PNUD au Myanmar.

Pour Ko Than Htoo, ce ne sont que des bonnes nouvelles. Malgré le fait que l’industrie du tourisme traverse une récession, il reste optimiste sur le fait que son activité reprendra du poil de la bête.

« Bien que le lac suffise juste à ma survie maintenant, je suis optimiste pour l’avenir. Il y aura davantage de touristes bientôt et de bonnes affaires à faire. »

Le PNUD collabore avec le gouvernement et les administrations locales pour élaborer une nouvelle loi visant à inverser la dégradation environnementale du lac.

Photos par PNUD Myanmar/Kamal Raj Sigdel

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