Déminer la route vers le développement durable
Au Cambodge, le retour de la paix après des décennies de guerre a provoqué l’afflux de personnes déracinées par le conflit de retour dans leurs villages et sur leurs exploitations. Moeurng Phan était l’une d’entre elles. Dès 1993, sa localité d’origine dans le nord-ouest du pays appelée Veal Vong, commençait à retrouver ses anciens habitants.
« La vie était très difficile », raconte Moeurng Phan. Elle travaillait avec son neveu sur leur exploitation malgré les risques : le village était entouré de 17 champs de mines d’une surface totale de plus de 121 terrains de football. « Nous devions récupérer nos terres, sans lesquelles nous ne possédions rien », dit-elle.
Son neveu a heurté une mine antichars alors qu’il conduisait un tracteur, il a été tué. « Je n’ai rien pu faire pour lui. J’étais profondément bouleversée. Je suis restée sans manger pendant des semaines », a-t-elle déclaré. Quarante-neuf autres personnes ont été tuées ou blessées par des mines non explosées dans ce petit village.
Avec le soutien du PNUD, le gouvernement, l’Autorité cambodgienne d’action contre les mines et d’assistance aux victimes et le Centre cambodgien d’action contre les mines ont commencé à déminer les terres contaminées. « Nous avons commencé à déminer en 2004 », a déclaré Noum Chhayroum de l’unité de planification de l’action contre les mines à Veal Vong. « Nous avons trouvé 398 mines terrestres, 32 mines antichars et 229 autres explosifs ».
Libéré des mines terrestres
Le dernier champ contaminé de Veal Vong a été déminé en 2019. « Il y a eu un grand changement au cours des dernières années », explique Morn’Mon, adjoint au chef du village. « Beaucoup de gens sont à présent équipés de tracteurs et de séchoirs à maïs. L’élevage d’animaux a repris. Nous pouvons commercialiser nos produits ».
Le PNUD a commencé son travail de lutte contre les mines au Cambodge il y a 30 ans. Grâce aux efforts conjoints du gouvernement, de l’autorité nationale, des forces armées et des opérateurs de la lutte contre les mines, 2 300 kilomètres carrés de terres ont été déminés et 4 millions d’engins non explosés ont été détruits, au profit de 7,5 millions de personnes dans le pays.
« Les mines antipersonnel et les restes d’explosifs de guerre ont été la source d’une peur et d’une souffrance généralisées pour les individus, les familles et les communautés, avec des effets considérables sur les perspectives de développement du pays », a déclaré Alissar Chaker, Représentante résidente du PNUD au Cambodge.
Elle a affirmé que le travail de lutte contre les mines « a donné à certaines des personnes les plus vulnérables et les plus démunies une chance d’améliorer leurs moyens de subsistance grâce à l’accès aux terres déminées et à leur retour à un usage productif ».
Il faut aller plus loin
Au Cambodge, 200 kilomètres carrés de terres doivent encore être déminés. Il reste beaucoup de chemin à parcourir dans ce pays, ainsi que dans d’autres pays touchés à travers le monde. On trouve des mines terrestres, des armes à sous-munitions et d’autres restes explosifs de guerre dans plus de 60 pays, dont la moitié dans les pays les plus pauvres du monde.
Au cours des dix dernières années seulement, selon l’association caritative Action on Armed Violence (en anglais), plus de 350 000 personnes ont été tuées ou mutilées par des armes explosives, dont 75 % étaient des civils. L’Observatoire des mines indique que le nombre de victimes n’a cessé d’augmenter depuis 2013.
Les restes d’explosifs de guerre ne se contentent pas d’arracher des membres et de détruire des vies, ils entravent la reconstruction et le relèvement, et privent les communautés de terres à cultiver. Le PNUD estime que l’action contre les mines accélère le développement durable au sens large, en créant des emplois, des moyens de subsistance, une sécurité alimentaire, de l’eau et des installations sanitaires.
30 ans d’action contre les mines terrestres
Au cours des trente dernières années, le PNUD et ses partenaires ont travaillé dans plus de 50 pays pour faire face aux défis posés par les mines terrestres, en sensibilisant aux risques liés aux munitions explosives, en aidant les victimes et en menant des opérations de déminage. Par son soutien aux gouvernements, le PNUD met en œuvre des programmes d’emploi d’urgence et des initiatives de développement local, contribue à la reconstruction des infrastructures endommagées, met en œuvre des plans de rapatriement, rétablit la confiance et crée des moyens de subsistance sûrs.
Par exemple, au Yémen, plus de 5 millions de personnes ont bénéficié des activités de déminage menées avec l’appui du PNUD et plus d’un million de personnes ont participé à des activités de sensibilisation. Mieux vaut prévenir que guérir : en encourageant les changements de comportement par des campagnes d’information auprès du grand public, le nombre de victimes de mines peut être considérablement réduit. Au Vietnam, le PNUD soutient le gouvernement dans les activités de déminage, d’éducation et d’assistance aux survivants, qui reçoivent des prothèses et des soins de rééducation.
La République démocratique populaire lao a été, proportionnellement au nombre d’habitants, le pays le plus lourdement bombardé au monde. Le soutien aux opérations de déminage du gouvernement comprend une nouvelle méthodologie d’enquête basée sur les faits. Au Tadjikistan, le PNUD a contribué à renforcer les capacités du Centre national d’action contre les mines. En Bosnie-Herzégovine et au Liban, le PNUD a fourni à 170 000 victimes une formation professionnelle, un accès à de petites subventions et une réhabilitation sociale. Au Liban, 300 villages utilisent aujourd’hui des terres déminées pour des activités socio-économiques.
Avec l’aide du PNUD, l’Albanie, la Guinée-Bissau, la Jordanie, le Mozambique et l’Ouganda se sont déclarés exempts de mines antipersonnel connues.
Journée internationale pour la sensibilisation au problème des mines et l’assistance à la lutte antimines
Le 4 avril, les Nations Unies marquent 30 ans d’action contre les mines en organisant une série d’événements à leur siège, à New York, et dans leurs bureaux du monde entier. Les événements à New York comprennent une exposition à laquelle le PNUD a contribué par une mise en scène de son travail.
Cependant, il y a encore beaucoup à faire pour réduire les risques et bâtir un avenir meilleur pour les communautés touchées par les mines. Les conflits et la violence se complexifient, s’intensifient et touchent de plus en plus le milieu urbain. Les restes d’explosifs de guerre qui subsistent empêchent un retour des populations en toute sécurité, un redressement rapide et un développement durable à long terme.
Sous la coordination du Service de la lutte antimines des Nations Unies (UNMAS), le PNUD renforcera l’appropriation nationale et établira de nouveaux partenariats pour que l’action antimines profite au développement et pour renforcer la résilience des communautés.
La mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 implique un monde exempt de la menace des mines et autres restes explosifs de guerre, afin de garantir que personne, aucun État et aucune zone de guerre ne soit laissé de côté.