« La terre pour mère, la forêt pour père, l’eau pour sang. »

ONU Développement
6 min readSep 30, 2019

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Réunis à New-York, ils venaient des quatre coins du monde : Micronésie, Pérou, Brésil, Tanzanie, Australie, Pakistan, Bénin, Nigéria…

Vêtus pour l’occasion de leurs costumes traditionnels finement perlés, savamment brodés de fleurs et de plumes, le visage couvert de maquillage, la tête ornée de délicats chapeaux et coiffures, parés de bijoux… Même les new-yorkais pressés, que rien ne trouble généralement, s’arrêtaient, fixaient du regard ces visiteurs surprenants et les prenaient en photos.

S’ils ont fait le déplacement jusqu’à New York c’est parce qu’ils été invités par l’initiative Équateur du PNUD pour leur travail remarquable dans la protection de leurs terres ancestrales contre les effets du changement climatique, l’exploitation et le surdéveloppement. Les projets lauréats du Prix Équateur sont variés, ingénieux et parfaitement adaptés aux défis auxquels les communautés locales font face.

Ces projets sont nés par nécessité. Les communautés autochtones, bien qu’elles contribuent très peu au changement climatique, sont les premières à souffrir de ses effets.

Ces projets sont nés par amour. Chacun d’entre eux est consacré à la protection de modes de vie traditionnels et à la restauration de la culture et de coutumes anciennes.

Micronésie

Vitus Foneg dirige les efforts déployés en Micronésie pour rétablir l’écosystème de sa communauté. Photo : Initiative Équateur

Vitus Foneg, qui est originaire de Yap en Micronésie, ne peut que constater la détérioration de l’approvisionnement en eau dans sa communauté. Faute de données scientifiques, ils se sont tournés vers leurs aînés pour leur demander quoi faire.

La réponse était directe.

« Ils nous ont dit que c’était vraiment mauvais. Tout allait très mal et rien n’était plus comme avant. »

Suite à ce constat alarmant, a débuté l’ambitieux projet Tamil Resources Conservation Trust visant à fournir de l’eau propre, à construire des pépinières et à établir une réserve marine. Soutenu par le Programme de microfinancements du Global Environment Facility (Fonds pour l’environnement mondial), le projet a été conçu pour rétablir les moyens de subsistance et protéger les ressources naturelles de la communauté.

Vanuatu

Serge Warakar reçoit le Prix Équateur au nom de sa communauté. Photo : PNUD Leilei Katof

Réunis par le même sentiment d’urgence, Glarinda André et Serge Warakar ont formé Ser-Thiac au Vanuatu. Le Vanuatu est le pays le plus vulnérable aux changements climatiques.

« Nous cherchions des moyens d’éliminer la pauvreté, de donner à tous la possibilité d’avoir accès à l’eau et la chance aux enfants d’avoir accès à l’éducation », explique Glarinda.

Leur solution — le premier projet accrédité de séquestration du carbone forestier dans les îles du Pacifique — partage ses profits avec l’ensemble de la communauté et a répondu aux besoins économiques et culturels de l’archipel.

« Notre forêt est précieuse car toute notre culture et nos traditions sont liées à la biodiversité et aux ressources qu’elles nous offre. » explique Serge.

Bénin

Travaillant dans les forêts béninoises, le Centre Régional de Recherche et d’Education pour un Développement Intégré (CREDI) a mis en place une ferme agroécologique et une réserve naturelle de 67 000 hectares.

Le CREDI a egalement developpé une véritable approche communautaire et assure un revenu, un travail et des ressources à 150 000 personnes — en particulier des jeunes et des femmes, deux populations vulnérables.

Le Prix Équateur

La cérémonie de remise des prix, qui s’est tenue au Town Hall Theatre de New York, s’est déroulée en présence de l’Administrateur du PNUD Achim Steiner et de l’Ambassadeur de bonne volonté Nikolaj Coster-Waldau.

22 lauréats ont été choisis parmi 1 000 candidats dans 127 pays.

L’Administrateur du PNUD Achim Steiner félicite les lauréats du Prix Equateur de cette année. Photo : Leilei Katof

« Ce sont 22 raisons d’espérer », a déclaré M. Steiner. « Nous voulons que les gens sortent d’ici et ne sentent pas que c’est sans espoir, au contraire. »

Nikolaj Coster-Waldau, qui s’est récemment rendu dans la forêt tropicale péruvienne avec le PNUD pour enquêter sur les raisons des récents incendies en Amazonie, a déclaré :

« Ce que j’ai vu là-bas, c’est une inégalité à l’échelle mondiale. »

Pérou

Kemito Ene lutte contre les incendies dans le basin de l’Ene, une région, isolée de l’Amazonie péruvienne en aidant le peuple indigène Ashaninka, à produire et exporter durablement du cacao biologique en Australie et en Europe.

Les peuples autochtones cultivent et exportent du cacao biologique dans une région reculée de la forêt tropicale péruvienne. Photo : Initiative Équateur

Parmi les sept lauréats de la région d’Amérique latine, c’est l’Ene qui présente le niveau d’inégalité le plus élevé au monde. Pourtant, c’est ici que les communautés autochtones luttent avec le plus d’acharnement pour leurs droits, tout en protégeant des centaines d’hectares de terres.

Dans un discours de remerciement au nom de tous les gagnants, Sevidzem Ernestine Leikeki de l’Observatoire camerounais du genre et de l’environnement a encouragé chacun :

« Travaillez avec nous pour créer une culture qui place la nature au-dessus de la richesse matérielle. »

Son organisation a planté 75 000 cerisiers africains, formé des apiculteurs et accordé des prêts commerciaux et une formation aux agricultrices.

L’Observatoire camerounais du genre et de l’environnement montre la voie en faisant passer la nature avant les richesses matérielles. Photo : Initiative Équateur

« Nous n’attendrons pas un miracle. Nous vous encourageons à regarder la nature comme nous le faisons : la terre comme mère, la forêt comme père, l’eau comme votre sang », a continué Sevidzem Ernestine Leikeki.

Les lauréats reçoivent 10 000 dollars, mais le prix représente bien plus que de l’argent. C’est une reconnaissance sur la scène mondiale. Il fournit des modèles à suivre pour d’autres communautés, tant à l’échelle internationale que nationale.

« Le Prix Équateur est une nouveauté pour nous, et notre famille était si enthousiaste parce que nous avons été reconnus par l’ONU pour le travail que nous faisons. À l’avenir, la collectivité s’engagera davantage dans le travail de conservation de nos ressources »— Serge Warakar

En Micronésie, Vitus a cherché à convaincre,depuis trois longues années, les pêcheurs de sa communauté des avantages d’une réserve marine. Maintenant, ils en voient les avantages.

« Ils avaient l’habitude de sortir pendant cinq heures et de revenir avec 10 ou 15 poissons, et maintenant ils peuvent sortir en une heure et revenir avec 30 plus gros poissons. »

Les Micronésiens se sont tournés vers la sagesse de leurs aînés pour réussir le changement. Photo : Leilei Katof

Le Prix Équateur est une reconnaissance supplémentaire qui montre que la persévérance de Vitus à porté ses fruits — et que ses aînés avaient raison lorsqu’ils lui ont dit que chacun doit faire ce qu’il peut pour lutter contre le changement climatique.

« Les choses s’arrangent. Il a été difficile de convaincre tout le monde, mais beaucoup de gens se joignent à nous maintenant, et ils nous aident beaucoup. Volontairement ! »

Le Prix Équateur est soutenu par les anciens chefs d’État Gro Harlem Brundtland et Oscar Arias, les prix Nobel Al Gore et Elinor Ostrom, les leaders d’opinion Jane Goodall et Jeffrey Sachs, Vicky Tauli-Corpuz, leader des droits indigènes, Richard Branson et Ted Turner, philanthropes, et les célébrités Edward Norton, Alec Baldwin, Gisele Bündchen et beaucoup d’autres. Les partenaires de l’Initiative Équateur comprennent les gouvernements de l’Allemagne, de la Norvège et de la Suède, ainsi que Conservation International, la Convention sur la diversité biologique, EcoAgriculture Partners, Fordham University, International Union for Conservation of Nature, The Nature Conservancy, PCI Media Impact, Rainforest Foundation Norway, Rare, UN Environment, UNDP, UN Foundation, USAID, WWF et la Wildlife Conservation Society.

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