Les communautés luttent contre le paludisme en Bolivie
Aidel Montero s’est tenue en première ligne, protégeant sa communauté du paludisme pendant la pandémie de COVID-19. Aidel a 29 ans et vit à El Turi, une petite communauté non loin d’El Sena, Pando, la municipalité la plus durement touchée par le paludisme dans la région amazonienne de Bolivie.
Il n’y a que quelques maisons ici, dispersées le long des berges de la rivière qui est au centre de la vie de la communauté. La maison d’Aidel est stratégiquement située en plein milieu et sert de point de dépistage non seulement pour cette communauté mais aussi pour les voisines.
Aidel a été désignée par sa communauté pour servir en tant que volontaire en 2017 et a volontiers accepté. Elle a suivi une formation pour effectuer des tests rapides de dépistage du paludisme, et même traiter tout possible cas confirmé de la maladie dans son entourage.
Ces dernières années, des progrès majeurs ont été réalisés au niveau mondial contre le paludisme, l’une des maladies infectieuses les plus meurtrières. Mais la pandémie de COVID-19 a annulé bon nombre de ces avancées.
En 2020, on estimait à 241 millions le nombre de cas de paludisme et à 627 000 le nombre de décès dus au paludisme dans le monde, selon le dernier Rapport sur le paludisme dans le monde de l’Organisation mondiale de la santé. Cela représente environ 14 millions de cas supplémentaires par rapport à l’année précédente, et 69 000 décès de plus. Environ deux tiers des décès supplémentaires (47 000) sont liés aux perturbations qui ont affecté les services de prévention, de dépistage et de traitement du paludisme pendant la pandémie de COVID-19.
La Journée mondiale de lutte contre le paludisme nous rappelle que des efforts et des investissements sont nécessaires à tous les niveaux pour mettre en place des systèmes de santé résilients et durables, en particulier des systèmes communautaires solides, qui sont essentiels à la préparation et à la réponse aux pandémies.
La Bolivie fait partie des pays où la pandémie de COVID-19 a menacé de faire dérailler les progrès réalisés ces dernières années. Le paludisme est endémique dans les zones reculées de la région amazonienne de Bolivie, où les communautés sont isolées et où l’accès aux matériel et services médicaux est déjà difficile en temps normal. Avec la COVID-19, les mesures de confinement et les restrictions ont ajouté de nouveaux défis aux efforts de lutte contre le paludisme. Heureusement, le ministère de la Santé et ses partenaires ont pu s’appuyer sur les structures et les réseaux existants pour maintenir les services pendant la pandémie et éviter de nouvelles infections et de nouveaux décès dus au paludisme.
En partenariat avec le Fonds mondial et le PNUD, 185 points de dépistage du paludisme dirigés par des volontaires communautaires desservent les populations de la région amazonienne de Bolivie, offrant un accès aux soins même aux communautés les plus isolées. Les volontaires communautaires reçoivent le matériel nécessaire pour lutter contre la maladie et bénéficient d’un soutien technique constant de la part d’équipes mobiles de professionnels de la santé. Ainsi, les personnes n’ont pas à parcourir de longues distances pour obtenir un diagnostic ou des soins pour lutter contre le paludisme. Elles peuvent accéder rapidement aux services, aux tests et aux médicaments et ont de meilleures chances de réussir à détecter et à traiter la maladie.
Au début, Aidel était très nerveuse lorsqu’elle effectuait la piqûre au doigt nécessaire au test sanguin. Avec le temps, elle a gagné en expérience et a pris confiance, forte de sa capacité à identifier les cas de paludisme et à aider les membres de la communauté. Bien qu’à ce jour elle n’ait rencontré aucun cas de paludisme dus à P. Falciparum (le parasite le plus mortel), elle est formée pour le détecter et met régulièrement ses connaissances à jour tout en les partageant avec d’autres membres de la communauté.
« Je vais de maison en maison pour informer les habitants, car la prévention est importante. C’est pourquoi dans ma communauté, nous avons très peu de cas — Aidel Montero, volontaire communautaire à El Sena, en Bolivie. »
La communauté d’Aidel est également proche de la zone de récolte des noix du Brésil. Lorsque la saison de la récolte arrive, elle voit un flot continu de motos et de voitures remplies de travailleurs saisonniers affluer dans la région. Elle y a vu une occasion d’atteindre encore davantage de personnes. Avec d’autres membres de la communauté, elle a mis en place un « point de contrôle », de sorte que chaque personne qui entre dans la zone y fasse halte pour recevoir une moustiquaire et une carte du paludisme, et pour enregistrer les résultats des tests.
Au plus fort de la pandémie de COVID-19, qui a durement touché la Bolivie, il a fallu relever de nombreux défis pour que le matériel et les conseils nécessaires continuent de parvenir aux volontaires communautaires. Par leur présence, ceux-ci ont néanmoins continué d’assister les personnes de leur entourage, tout en augmentant les efforts de prévention et de sensibilisation afin d’éviter un pic des cas de paludisme.
En parallèle, la distribution de moustiquaires s’est poursuivie sans interruption : 81 727 moustiquaires ont été remises aux personnes vivant dans les zones à risque, sur les 88 200 initialement prévues. Des camions et des motos supplémentaires ont permis aux équipes mobiles de continuer à rejoindre les zones les plus reculées. Si le nombre de cas suspects de paludisme testés par les services communautaires a diminué, passant de 11 539 en 2019 à 9 048 en 2020, les mesures d’atténuation ont permis de garantir le maintien des services de dépistage et de traitement. Et en 2021, le nombre de cas testés dans la communauté a en fait augmenté pour atteindre 14 847.
Ces résultats soulignent l’importance cruciale des systèmes communautaires pour la santé, qui constituent l’épine dorsale des réponses au VIH, à la tuberculose et au paludisme. Ils constituent un élément clé des systèmes de santé résilients et durables, et sont au cœur de la préparation et de la réponse aux pandémies.
Conformément au Plan stratégique du PNUD pour 2022–2025 et à sa stratégie VIH et santé : Établir des liens — Vers un avenir plus équitable, plus sain et plus durable, le PNUD s’associe au Fonds mondial, aux gouvernements et à la société civile pour soutenir et renforcer les réponses nationales multisectorielles au VIH, à la tuberculose et au paludisme, en fournissant un soutien intégré aux politiques, aux programmes et au développement des capacités.