« Nous savions que continuer comme ça serait la fin de la forêt. »
Marida Shinzai se souvient que, jeune fille, elle allait ramasser du bois de chauffage et cueillir des herbes dans la forêt de Kakamega.
Mais, au fil des années, elle a réalisé qu’elle devait aller de plus en plus loin et qu‘ils étaient de plus en plus nombreux à dépendre de la forêt pour leurs moyens de subsistance, en particulier pour la production de charbon de bois,
« Nous savions que si nous continuions à ce rythme, nous n’aurions plus de forêt », dit-elle.
C’est pourquoi Marida et ses voisins ont formé la coopérative de Muliru pour gérer et protéger la seule forêt tropicale du Kenya. Ils ont commencé par cultiver du camphre, une plante sauvage dont les feuilles soulagent du rhume et de la grippe, repoussent les insectes et soulagent les douleurs musculaires.
Avec l’aide du PNUD, le groupe a acheté un extracteur d’huile essentielle et commencé à produire une huile médicinale commercialement viable, Naturub.
Le camphrier pousse rapidement, ce qui permet aux producteurs de gagner plus d’argent et de diversifier leurs revenus tout en favorisant l’utilisation durable de la forêt.
J’ai décidé de diviser ma ferme en deux. D’un côté, j’ai une plantation de maïs et de l’autre, du camphre. Je récolte le camphre trois fois par an et le maïs deux fois. Cette une entreprise durable qui a amélioré la qualité de vie de ma famille », explique Maurice Likhuyai.
Une « maternité » pour éléphants
Les communautés vivant autour de la forêt de Ngare Ndare prennent des mesures similaires pour protéger leur environnement naturel unique.
Ngare Ndare est une forêt indigène au pied du mont Kenya, célèbre pour ses grands arbres. Une promenade de 450 mètres dans la canopée offre aux touristes une vue imprenable sur les animaux se rassemblant aux points d’eau.
C’est non seulement un bassin versant pour la région, mais aussi un couloir vital pour les éléphants entre le mont Kenya et la réserve de Samburu et Lewa. La forêt a été surnommée « la maternité des éléphants » parce que les femelles s’y arrêtent périodiquement pour mettre bas avant de retourner dans la réserve nationale.
Mais à mesure que la population augmente, la pression sur les ressources naturelles monte également.
Au travers du Programme de petites subventions du Fonds pour l’environnement mondial (FEM SGP), le PNUD appuie un projet de biogaz conçu pour fournir une source d’énergie alternative au charbon de bois et arrêter la déforestation.
Des ruches ont aussi été distribuées aux communautés pour les aider à diversifier leurs revenus et diminuer leur dépendance vis-à-vis du bétail.
Les communautés ont également planté plus d’1,5 million d’arbres à croissance rapide pour le bois de chauffage et les matériaux de construction, ce qui permet d’éviter l’abattage illégal d’arbres.
Des gardes forestiers guident les touristes lors des excursions en forêt, encourageant à la conservation et récoltant des données : 70% des revenus de l’écotourisme à Ngare Ndare sont réinvestis dans le développement communautaire.
Une forêt dans la ville
La forêt de Karura s’étend sur une superficie de 1 041 hectares au centre de Nairobi, la capitale du Kénya. L’organisation communautaire Friends of Karura Forest veille à ce qu’elle soit conservée et empêche les agents immobiliers d’empiéter sur cet emplacement privilégié pour contruire des bâtiments commerciaux.
Cet espace de loisirs reçoit jusqu’à 25 000 visiteurs par mois, amoureux de la nature, coureurs, cyclistes, pique-niqueurs et ornithologues amateurs.
Les trois communautés défavorisées qui bordent la forêt ont été formées à l’apiculture, au tourisme et au scoutisme, ce qui leur apporte un revenu tout en les formant à la conservation, et assure la sécurité des visiteurs de la forêt.
Ces petites subventions ont eu un impact certain : de nombreuses espèces animales et végétales ont fait leur retour tandis que les communautés voisines des forêts ont appris de nouvelles façons de subvenir à leurs besoins sans épuiser leurs ressources naturelles.
Photos: Kevn Ouma/PNUD Kenya