Semer des graines d’espoir en Uruguay

ONU Développement
6 min readAug 23, 2021
Sur la côte de Punta del Diablo, on plante un Chal-chal (Allophylus edulis) pour contribuer à la restauration de la forêt indigène

Les premiers oiseaux se réveillent et un brouillard hivernal s’élève sur la côte de Punta del Diablo, une petite ville côtière de l’est de l’Uruguay.

La ville se situe à mi-chemin entre l’Océan Atlantique et la Laguna Negra (Le Lac Noir) couvrant une superficie de 17 500 hectares. Les espèces psammophiles s’abritent dans les dunes façonnées par la brise marine. Cette végétation se développe sur les sols sablonneux : ce sont des arbres, des arbustes et des herbes particulièrement adaptés à l’environnement marin.

Les arbres indigènes tels que le Myrte luma (Arrayàn), les Allophylus (Chal Chal) et le Curupì, sont de plus en plus menacés par les espèces exotiques, le développement urbain non contrôlé, et le tourisme non durable.

Aujourd’hui, les forêts naturelles couvrent seulement 4,8 % des terres d’Uruguay.

La ville balnéaire de Punta del Diablo abrite plusieurs arbres et animaux indigènes et borde le parc national de Santa Teresa. Photo : Antartida Films

Des habitants se sont regroupés, décidés à inverser cette tendance. Malgré le froid d’hiver, ils se sont réunis dans un parc de la ville pour se mettre au travail.

« La restauration des forêts naturelles est capitale pour l’Uruguay, où la plupart des gens ne connaissent pas nos arbres indigènes », explique Katherine Muller, entrepreneuse locale.

Avec d’autres volontaires, elle a retiré du sol tous les restes d’acacias noirs et de pins maritimes, des espèces exotiques envahissantes qui menacent les espèces indigènes et résistent aux incendies.

Les forêts naturelles abritent la majorité des espèces de reptiles, et un grand nombre d’amphibiens, d’oiseaux et de mammifères indigènes, y compris des espèces menacées. Elles sont essentielles pour protéger la biodiversité, l’environnement et la qualité de l’eau.

Claudio Taroco, un entrepreneur local, transforme les déchets de poisson en compost naturel qui aide à la croissance des arbres indigènes plantés. Photo : Antartida Films

Katherine Muller affirme également qu’elles ont un rôle à jouer dans la protection de l’environnement unique de Punta del Diablo, en raison des risques d’incendie.

« Les acacias et les eucalyptus sont très inflammables, tandis que nos arbres indigènes ne le sont pas », explique-t-elle.

Bien que les volontaires s’accrochent aux quelques signes d’espoir — par exemple, certaines plantes indigènes survivent sous les branches des arbres envahissants — ils étaient bien conscients que le niveau actuel de perte d’arbres natifs ne pouvait pas durer.

La forêt côtière résiste dans une petite partie de l’Uruguay, il est l’écosystème avec le plus haut pourcentage d’invasion d’espèces exotiques. Photo : Antartida Films

« Année après année, l’altération est visible », dit Victor Pereyra. « La situation actuelle ne peut pas continuer. Il y a de moins en moins d’oiseaux, d’abeilles ».

Leurs préoccupations sont partagées par le Laboratoire accélérateur (Accelerator Lab) du PNUD en Uruguay, et Plantatón Uruguay qui a lancé une initiative visant à encourager l’engagement individuel et le financement collectif grâce au crowdfunding, en vue de restaurer la forêt naturelle de Punta del Diablo en plantant 1 000 arbres indigènes.

L’Uruguay s’est inspiré d’expériences menées dans d’autres pays, comme au Salvador, où l’initiative Plantatón a permis de planter 35 millions d’arbres entre 2017 et 2018, l’Ouzbékistan qui tente de redonner vie à la mer d’Aral, ou encore le Costa Rica qui plante 200 000 arbres dans le nord du pays grâce au programme Huella del Futuro.

La communauté locale et l’équipe du PNUD plantent du Pitanga (Eugenia uniflora), une espèce indigène.

« Cette campagne de crowdfunding est plus qu’une collecte de fonds pour sensibiliser aux arbres indigènes. C’est un processus enrichissant qui a uni notre bureau de pays, le gouvernement et les organisations locales autour d’un objectif commun. Elle a également permis de faire connaître le PNUD et ses laboratoires accélérateurs, et de partager des connaissances et des expériences du monde entier », souligne Francisco Pons, chef de l’exploration du laboratoire accélérateur du PNUD en Uruguay.

Ce fut le cas. Quelques mois après le début de la campagne, l’engagement social des communautés a dépassé les objectifs : 1 111 arbres supplémentaires et 20 espèces indigènes différentes ont été plantés. Ces arbres ont été achetés dans 7 pépinières locales, dont plusieurs ont été créées avec le soutien du Programme de Petites Subventions (PPS) du PNUD, ce qui a stimulé le commerce dans la région.

« Beaucoup d’enfants savent que ces espèces d’arbres ont été données par des gens d’ici, d’Uruguay, mais aussi d’autres pays, et que ce sont eux qui en seront les gardiens », explique Cinthia Toledo, de Vamola!, une organisation locale.

Restaurer les forêts, c’est préserver l’avenir des forêts naturelles, mais aussi celui des générations à venir.

Certains enfants ont aussi participé à la plantation dans le cadre d’une activité éducative.

Adriana Pezzolano, entrepreneuse locale, ne doutait pas de la réussite du projet. Selon elle, il n’est pas seulement question d’environnement, mais aussi d’aider les Uruguayens et Uruguayennes à s’identifier plus profondément à leur terre. « Je pense qu’il s’agit de notre lien d’origine avec ce pays », dit-elle.

« La forêt nous a précédés. Et c’est une façon de nous reconnecter à elle. Malheureusement la ville, l’asphalte, nous en a éloignés. Mais je crois que nous avons cela dans nos gènes et que nous devons relever ce pari ».

Chaque arbre représente une personne engagée en faveur de l’écosystème et des paysages naturels uruguayens, et un message d’espoir pour la protection du territoire, tout comme les 150 personnes et 5 entreprises, originaires de 15 pays, qui ont contribué à l’initiative.

Chaque arbre planté est entretenu par la communauté locale, gardienne d’un avenir durable. Photo : Antartida Films

« Nous voulons régénérer la végétation psammophile qui se perd rapidement », déclare Claudio Taroco. « C’est la nôtre. C’est ce que nous avons. C’est notre identité. C’est notre sol et c’est notre flore indigène. C’est ce qui est là depuis longtemps, et ce qui doit être restauré ».

« Les arbres sont partout, […] mais ici, nous les avons fait rentrer au village pour que les gens puissent être en contact avec eux », confie Leticia Di Santi, autre entrepreneuse locale.

Pour en savoir plus sur cette initiative, cliquez ici.

Plus de 100 volontaires ont aidé à planter les 1 111 arbres indigènes.

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