Soulager la misère et éclairer les esprits au Yémen

ONU Développement
6 min readMar 25, 2021

Iman Hadi, entrepreneuse originaire du nord rural du Yémen, connaît la grande pauvreté et à la misère qui sévissent dans la plupart des villages reculés du pays, où les services de base sont quasiment inexistants. Mais elle a ressenti un sentiment de responsabilité et a décidé de tenter d’y remédier. « J’ai réalisé à quel point les gens de ma région, les femmes en particulier, souffrent. J’ai donc décidé de dépasser les barrières sociales et culturelles et d’agir », explique-t-elle.

Iman dirige un groupe de 10 femmes qui ont installé une centrale solaire pour fournir une énergie propre aux habitants d’Abss, dans le gouvernorat de Hajjah. « Le coût élevé de la production d’énergie au diesel a privé de nombreuses familles pauvres d’un accès à l’électricité. Mais aujourd’hui, 43 ménages bénéficient d’une énergie abordable grâce à la centrale solaire », déclare Iman. « Je peux dire sans risque que nous participons à soulager les souffrances de personnes vulnérables ainsi qu’à alléger leur fardeau économique ».

Récemment, le travail remarquable d’Iman a été reconnu à l’étranger lorsqu’on l’a désignée l’une des 100 femmes les plus influentes du monde.

La liste, établie par la BBC, comprend Sanna Marin, Premier ministre de Finlande, l’actrice Michelle Yeoh et la militante pour le climat Jane Fonda.

« Le fait de figurer dans la liste des 100 femmes les plus influentes de la BBC en 2020 est une grande fierté pour moi, mes partenaires commerciaux et le Yémen dans son ensemble », déclare Iman.

Lorsqu’elle a appris la nouvelle, elle a été décontenancée. « J’étais à Sana’a, où j’accompagnais un membre de ma famille pour une visite à l’hôpital. J’ai reçu un appel, j’étais tellement surprise ! » dit-elle. « Quatre jours plus tard, je suis rentrée chez moi et ma famille m’a accueillie chaleureusement. Ils ont préparé un gâteau et m’ont félicitée. Même mes frères, qui se sont vivement opposés à ce que je dirige une centrale solaire, m’ont serrée très fort dans leurs bras ».

Le père d’Iman s’était tout d’abord également opposé à cette activité, mais à force d’évoquer l’importance de sa mission, elle a réussi à convaincre sa famille de lui donner la chance de diriger sa propre entreprise. « À partir de là, un véritable changement s’est opéré dans la considération de la société à l’égard des femmes, de leur rôle, de leurs droits et de l’importance de leur donner une chance de faire leurs preuves », dit-elle fièrement.

Depuis qu’elle a lancé son entreprise il y a deux ans, avec le soutien du PNUD et de l’Union européenne, le nombre de clients est passé de 25 à 43 et son bénéfice net a atteint environ 2 070 dollars, une somme importante dans le Yémen rural.

Iman dirige un groupe de 10 femmes qui ont installé une centrale solaire pour fournir une énergie propre aux habitants d’Abss, dans le gouvernorat de Hajjah.

« Nous avons acheté cinq batteries supplémentaires pour répondre à la demande croissante et nous travaillons actuellement à l’expansion de l’usine pour employer davantage de femmes et étendre l’accès à l’électricité à un plus grand nombre de familles », explique Iman. « Dans un avenir proche, j’envisage de créer une autre centrale solaire dans l’une des régions voisines où 47 familles ont besoin d’électricité. À long terme, je rêve de lancer une grande centrale solaire pour étendre les services solaires à l’ensemble des 3 060 foyers de la région d’Al-Ghadi ».

Iman est également consciente de la situation difficile de nombreux Yéménites. Une personne sur quatre a perdu son emploi et d’autres sont sous-employées et arrivent à peine à joindre les deux bouts. Pour aider sa communauté et la faire profiter de son succès, Iman a eu une nouvelle idée. « Je prévois d’accorder des microcrédits à partir des bénéfices nets de la centrale solaire, pour permettre à mes partenaires commerciaux de lancer des petits projets tels que des épiceries, des boulangeries et des magasins de vêtements. Cela créera des opportunités d’emploi et augmentera le nombre de services disponibles pour la communauté ».

Le travail d’Iman a inspiré et donné de l’espoir à ses voisins et amis. Faleha Mohammad, une habitante du quartier d’Al Ghadi, vit avec ses parents âgés dans une cabane. La famille dépend principalement du fils qui vend de l’eau pour gagner sa vie. Mais voyant qu’elle pouvait compter sur l’approvisionnement électrique nécessaire grâce à la centrale solaire d’Iman, elle a décidé d’acheter une machine à coudre et de vendre des vêtements pour femmes. Cela a permis à la famille de construire une nouvelle maison en briques.

Ibraheem Ali, père de sept enfants et travailleur journalier, souhaitait également améliorer les conditions de vie de sa famille. Il a contacté Iman pour lui demander s’il était possible d’acheter un pistolet de soudage et de le faire fonctionner à l’énergie solaire. Iman a trouvé son idée honorable et l’a rapidement encouragé à la concrétiser. Aujourd’hui, il soude deux à trois réservoirs d’eau par jour et son revenu quotidien est passé de 5 à 14 dollars.

« Des femmes et des hommes de mon village sont venus me consulter sur la manière d’améliorer leurs conditions de vie. Cela reflète la façon dont le point de vue sur les femmes qui travaillent a changé », explique Iman. « Zahra, par exemple, une mère de quatre enfants qui a perdu son mari au début de la guerre, m’a récemment rendu visite ».

Depuis qu’elle a perdu son mari, Zahra a enduré de grandes difficultés. Elle s’est trouvée seule dans un pays qui souffre des ravages de la guerre. Les circonstances difficiles ont obligé son fils aîné, âgé d’à peine 15 ans, à travailler comme journalier pour une somme dérisoire. Malheureusement, la vie économique a ralenti et s’est à présent complètement arrêtée en raison de l’épidémie de COVID-19, d’où une souffrance accrue pour la famille, qui peine à pourvoir à ses besoins alimentaires et médicaux.

« Un soir, Zahra a commencé à se plaindre de la vie difficile qu’elle mène avec ses enfants. Je lui ai suggéré d’envisager d’amener l’électricité chez elle, d’acheter un batteur électrique et de fabriquer de l’encens qu’elle pourrait vendre à profit », raconte Iman. Zahra a aimé l’idée et a rapidement agi. « Elle a maintenant lancé sa propre entreprise. C’est une femme productive avec une source de revenus durable pour elle et sa famille ».

Iman est ravie que les hommes du village, autrefois opposés à ce que les femmes travaillent en dehors du foyer, leur apportent aujourd’hui soutien et encouragement. Elle est déterminée à continuer d’inspirer les femmes yéménites pour qu’elles saisissent l’opportunité de l’égalité des chances dans tous les domaines de la vie.

« Si vous échouez, n’en restez pas là. Poursuivez vos efforts avec détermination et confiance, et vos rêves deviendront réalité ».

Iman et son équipe. Elle explique : « Dans un avenir proche, j’envisage de créer une autre centrale solaire dans l’une des régions voisines où 47 familles ont besoin d’électricité. À long terme, je rêve de lancer une grande centrale solaire pour étendre les services solaires à l’ensemble des 3 060 foyers de la région d’Al-Ghadi ».

Le PNUD et son partenaire la Fondation pour le développement durable ont installé deux systèmes d’énergie solaire dans deux communautés. 20 personnes ont été formées à l’installation de systèmes d’énergie solaire, à la maintenance et à la gestion d’entreprise pour aider à établir des entreprises locales d’énergie solaire et assurer la durabilité des systèmes d’énergie renouvelable au Yémen.

Ces activités ont été mises en œuvre dans le cadre du programme conjoint de soutien aux moyens de subsistance et à la sécurité alimentaire au Yémen (ERRYJP II), en partenariat avec la Fondation pour le développement durable et avec le financement et le soutien généreux de l’Union européenne.

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