S’unir pour mettre fin à la violation des droits humains la plus répandue
Célébration des 16 jours d’activisme contre la violence basée sur le genre
Cinq ans après la fulgurante ascension du mouvement #MeToo, la violence faite aux femmes perpétrée aux quatre coins du globe reste la violation des droits humains la plus répandue au monde. En effet, une femme sur trois subit des violences physiques ou sexuelles au moins une fois au cours de sa vie, dont les taux de prévalence se sont avérés alarmants au cours de la dernière décennie.
Les impacts continus de la pandémie de COVID-19 et les réactions hostiles à l’égard des droits des femmes aggravent davantage la situation, mettent en péril les progrès réalisés en matière d’égalité homme-femme et augmentent les risques de violence basée sur le genre. Depuis le début de la pandémie, une femme sur quatre fait état de conflits familiaux plus fréquents.
Cette violence ne bafoue pas seulement les droits des femmes et des filles, elle freine aussi les avancées vers la création d’un monde plus durable et égalitaire. Mettre un terme à la violence exercée à l’encontre des femmes a des implications qui touchent tous les aspects du développement durable, depuis la promotion d’une gouvernance inclusive et efficace jusqu’à l’action en faveur d’une planète saine et pacifique en passant par la mise en place d’une économie qui tienne compte de la spécificité des femmes. Dans les situations de crise, il est essentiel de réfréner la tendance brutale de la violence basée sur le genre pour entamer le relèvement, construire la paix et favoriser la résilience à long terme. Afin d’obtenir les meilleurs résultats possibles à cet égard, les efforts visant à mettre fin à la violence basée sur le genre doivent être intégrés dans d’autres domaines de développement.
Le PNUD mène un travail collaboratif de lutte contre la violence faite aux femmes dans 96 pays, notamment par le biais de l’Initiative Spotlight, un partenariat Union européenne-ONU. Dans le cadre du projet PNUD-République de Corée intitulé « Mettre fin à la violence sexiste et atteindre les objectifs de développement durable », des approches innovantes ont été tentées dans sept pays. Les résultats sont prometteurs et montrent que l’avènement d’un tel changement est d’autant plus possible lorsque le gouvernement, la société civile, le secteur privé et d’autres partenaires travaillent à l’unisson.
Voici un aperçu plus détaillé de la campagne des 16 Jours d’activisme contre la violence basée sur le genre.
Groupes de défense des droits des femmes et mouvements féministes
Partout dans le monde, l’action collective des femmes constitue la pierre angulaire du changement social. L’activisme et le plaidoyer des femmes dirigeantes et des organisations de défense des droits des femmes ont joué un rôle essentiel dans la création d’une prise de conscience et d’un élan sans précédent pour prévenir et répondre à la violence basée sur le genre, en particulier depuis la montée du mouvement #MeToo.
Dans le district péruvien de Villa El Salvador riche d’une longue histoire d’activisme et de leadership des femmes au sein des communautés, les violences liées au genre ont touché la moitié des femmes en 2018. En réponse à cette situation, le projet JUSTA a œuvré en vue d’autonomiser un réseau de femmes leaders dans le district et de créer un processus participatif pour élaborer et budgétiser des plans de prévention de ce type de violences.
« La construction d’un réseau d’organisations et de femmes leaders dans le district nous a permis de faire entendre notre voix », a expliqué Vilma Arce Oyolo, membre de JUSTA.
Le rôle des institutions publiques
Les institutions publiques, tant au niveau national qu’au niveau local, ont un rôle à jouer pour contribuer à ce que tous les citoyens puissent mener une vie digne, sans violence, en assurant les financements et les services nécessaires à l’élaboration de politiques et de lois équitables en matière de genre.
En Moldova, des équipes multidisciplinaires couvrant plusieurs institutions publiques se sont engagées dans des processus participatifs pour concevoir des plans d’action locaux destinés à lutter contre la violence basée sur le genre. L’initiative menée à cet égard par le PNUD et ses partenaires a permis de créer un centre spécialisé dans la région de Gagaouzie, qui fournit des services d’assistance sociale, psychologique et juridique ainsi qu’un soutien en matière de recherche d’emploi. Jusqu’à présent, 531 ressortissants moldaves et ukrainiens réfugiés en Moldova en ont bénéficié.
« Il est impossible de résoudre les problèmes de violence domestique en se tournant vers un seul spécialiste, d’où l’importance d’agir en équipe », explique un membre d’un groupe de travail multidisciplinaire régional en Moldova.
Chefs traditionnels et communautaires
En tant que conseillers, leaders et guides spirituels de confiance, les chefs communautaires et traditionnels jouent un rôle crucial dans l’établissement et la modification des normes sociales, la médiation des différends et la facilitation des débats importants.
En Irak, les couples mariés bénéficiaires d’un projet du PNUD portant sur l’amélioration des moyens de subsistance ont été invités à assister à des séances bihebdomadaires visant à encourager les relations saines et équitables au sein du couple. Les chefs communautaires ont participé à une série d’ateliers similaire, dans le but de créer des normes communautaires plus équitables. Finalement, l’intégration des activités de prévention et de réponse à la violence basée sur le genre dans un programme de relance économique plus large a réduit de près de moitié le taux d’abandon des femmes qui y participaient.
« C’est la première fois de ma vie que j’entends parler de la question du genre et de la violence à l’égard des femmes. Je me suis senti encouragée et responsabilisée en assistant au cours sur les droits des femmes. Auparavant, je ne disais rien, mais à présent, j’ai compris que je ne peux plus me taire », a expliqué une des participantes leader de sa communauté.
Le secteur privé
Non seulement le secteur privé est-il chargé de veiller à ce que les lieux de travail restent sûrs et exempts de discrimination, de harcèlement et de violence basée sur le genre, mais il contribue aussi à étendre l’ampleur et l’impact des efforts de prévention des violences faites aux femmes. Un point d’ancrage important à cet égard est la nouvelle Convention n° 190 de l’Organisation internationale du Travail relative à l’élimination de la violence et du harcèlement dans le monde du travail, qui constitue le premier traité international de ce type.
Au Pérou, la campagne « No Estas Sola » qui visait à rendre les violences basées sur le genre plus visibles et à mettre en rapport celles qui en étaient les victimes les plus démunies avec les services adéquats pendant la pandémie de COVID-19 s’est associée à des entreprises comme Starbucks, Natura et Cencosud. Il en résulté une campagne qui a atteint un public estimé à 11 millions de personnes, ce qui en fait l’action de sensibilisation la plus réussie de ce type au Pérou.
« Il s’agissait d’une cause à laquelle le réseau Natura était particulièrement attentif. Plus de 2 000 femmes ont uni leurs efforts pour soutenir cette cause. En ce qui me concerne, cela m’a ouvert les yeux. J’ai compris que cette question avait du sens pour des milliers de femmes », a déclaré une employée de Natura.
Arts et culture
Les arts et la culture véhiculent des changements au niveau des normes, des questions et des défis sociétaux. Bien que les institutions artistiques et culturelles propagent parfois des attitudes et des dynamiques néfastes, elles peuvent également être utilisées à bon escient pour communiquer une volonté de changement positif.
Au Bhoutan, le programme Gakey Lamtoen, qui constitue la première initiative de prévention de la violence basée sur le genre dans le pays, a mis en place des ateliers et des camps d’innovation sociale pour adolescents dirigés principalement par des artistes. Le programme a permis aux participants de développer des attitudes et des comportements plus équitables entre hommes et femmes, à tel point qu’il a été étendu à trois nouvelles écoles, dans le cadre d’un partenariat entre le ministère de l’Éducation, la Commission nationale des femmes et des enfants et le PNUD Bhoutan.
Le programme s’est avéré être un vecteur de changement tant pour les participants que pour les animateurs. Chado Namgyel, professeur de danse et animateur de Gakey Lamtoen, considère que cette expérience lui a donné l’occasion d’enseigner différemment. « Auparavant, il ne m’arrivait jamais d’autoriser ou d’encourager les filles à apprendre tous ces mouvements dynamiques. Cependant, elles peuvent maintenant venir au studio apprendre tout ce qui les intéresse ».
La violence qui s’exerce à l’encontre des femmes et des filles empêche tout le monde de progresser. Nous ne réaliserons la vision cohérente et radicale de l’avenir énoncée dans les Objectifs de développement durable, une vision où toutes les formes de violence sont éliminées, que si nous intensifions de toute urgence les efforts entrepris à cette fin au plan mondial. Nous devons nous appuyer sur ces leçons et sur l’élan créé par #MeToo et d’autres mouvements, et travailler ensemble afin de saisir toutes les opportunités possibles pour créer un monde véritablement égalitaire.