Un safari de solutions

Des briquettes durables aux robots de circulation, notre “Accelerator Lab” en RD Congo fait le tour des innovations locales

ONU Développement
5 min readDec 2, 2019

Inutile de réinventer la roue si quelqu’un l’a déjà fait avant vous. Dans notre recherche constante de solutions aux défis de développement, cela signifie tenir compte du savoir des personnes sur le terrain et vérifier si elles n’ont en fait pas déjà trouvé une solution au problème que nous essayons de résoudre.

C’est pour cela que nos Accelerator Labs, nos « laboratoires d’accélération », existent et font de la recherche d’innovations locales un élément central de notre stratégie de développement.

Tout d’abord, trouver les innovateurs

En République démocratique du Congo (RDC), nous avons commencé par recenser les innovateurs locaux. Notre première étape a été de constituer une équipe de personnes sur le terrain, proche des communautés. Nous avons aussi envoyé des spécialistes en communication du PNUD, estimant qu’ils complèteraient l’équipe de cartographie des solutions — et il s’avère que nous avions raison.

Festival Amani 2019 à Goma, RDC. Photo Amani Fest/Fabien Mweze

Par le biais du festival Amani, qui permet aux innovateurs locaux de se présenter et de démontrer leurs idées, nous avons pu rencontrer des entrepreneurs locaux pour en savoir plus sur leur travail. Ces informations ont alimenté un « atlas » de solutions aux défis de développement du pays.

Cette base de données comprend des solutions développées par les communautés pour répondre à leurs besoins, et devrait fournir aux investisseurs potentiels une gamme de produits ancrés dans des contextes locaux, mais qui pourraient aussi être intégrés dans des travaux de développement à grande échelle.

Premier tour d’horizon

La ville de Kinshasa fait la part belle aux arts plastiques et à l’innovation. Photo: PNUD RDC / Aude Rossignol

Notre cartographie des innovateurs a démarré à Goma et à Kinshasa. Nous ne recherchions pas nécessairement des solutions liées aux Objectifs de développement durable. Nous voulions garder l’esprit ouvert pour ne pas passer à côté de toutes celles qui n’entreraient pas forcément dans ce cadre.

Les mamans marchandes du fleuve Congo

Photo PNUD RDC

À Maluku, une commune de Kinshasa, le poisson frais est très demandé. Mais les pirogues des pêcheurs n’ont aucun moyen de conserver le poisson durant le transport en amont du fleuve. Un groupe de mères de familles commerçantes a donc trouvé une solution : installer des congélateurs portables qui fonctionnent grâce à un générateur dans les pirogues. Cette idée simple leur permet d’augmenter la quantité de poisson qu’elles vendent aux marchés.

Des briquettes écologiques

À proximité de Bukavu, la déforestation met le parc national Kahuzi Biega en danger. Ce risque a motivé Murhula Zigabe à trouver une autre source d’énergie que le bois.

Son entreprise de recyclage de déchets organiques en briquettes emploie maintenant 25 personnes (RFI). Ils récoltent du carton dans les rues, les marchés et les ménages, et les sèchent et les carbonisent avant de les mélanger avec de l’eau. La pâte obtenue ainsi est pressée et sèchée pour former une briquette qui peut être utilisée pour cuisiner des repas. Cette façon de fabriquer du combustible à partir de déchets s’est également répandue à Kinshasa.

Des fours ‘écologiques’ permettent de cuire les aliments tout en fumant de la viande ou du poisson.

Dans le centre du pays, où les agriculteurs n’ont pas facilement accès à l’électricité pour garder les aliments au frais, l’organisation Brasero forme à assembler des fours qui fonctionnent avec des briquettes en bambou. Ces fours peuvent cuire des aliments tout en fumant de la viande ou du poisson pour une consommation ultérieure.

Des robots de circulation 

Robot de circulation en face du parlement à Kinshasa, la capitale de la République démocratique du Congo. Crédit: Taylor Toeka Kakala/IPS

Thérèse Kirongozi est l’ingénieure congolaise derrière le projet de robots régulant le trafic routier à Kinshasa et à Lubumbashi. Ces robots humanoïdes peuvent pivoter et lever leurs bras comme de vrais agents de la circulation. Certains d’entre eux peuvent même détecter les piétons et leur faire savoir quand traverser. Leur avantage, d’après Thérèse, est qu’ils sont à l’abri de la corruption ! De plus, leur apparence humaine encourage les conducteurs à ralentir plus que devant un simple panneau de signalisation.

Ces exemples ne sont que quelques-unes des plus de 30 solutions que nous avons réunies lors de notre premier « safari ». Pour continuer sur cette lancée, nous comptons nous associer à YouthConnekt, une plateforme qui relie les jeunes entrepreneurs en Afrique. Avec environ 700 membres opérant dans 25 provinces de la RDC, YouthConnekt pourrait faire partie d’un réseau national de cartographie de solutions pour nous aider à découvrir et à tirer parti des innovations locales.

Combattre la déforestation est l’une de nos priorités dans le pays. Photo: PNUD RDC

Reste à tester ces innovations pour voir comment elles pourraient être mises à l’échelle nationale, voire du continent. Makala Bio est un bon exemple. Combattre la déforestation est l’une de nos priorités dans le pays. Une fois porté à l’échelle nationale, ce type de combustible durable peut aider à promouvoir l’économie circulaire et à lutter contre la déforestation.

Ce charbon à base de carton pourrait même diminuer les violences de genre. En RDC, les femmes courent plus de risques d’être victimes d’agression lorsqu’elles vont ramasser du bois de chauffage. Rendre le charbon écologique plus largement disponible pourrait réduire ces risques de tout en recyclant les déchets. Voilà ce que nous appelons une solution intégrée ! Nous en sommes donc aux phases préparatoires de l’intégration du charbon “vert” dans le programme de lutte contre la violence sexiste du PNUD en RDC.

Photo: PNUD RDC/ AUde Rossignol

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